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A l'écoute des mots

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A l’écoute des mots
Ce soir-là, il faisait froid dans les rues de la ville. Le vent glacial se faufilait à travers les cheveux noirs, désordonnés et tristes du garçon. Il avait les mains enfoncées dans ses poches et le col de son blouson remonté jusque sous son nez. Il avait huit ans. Seul, il marchait dans la nuit, le regard fixé au sol évitant les papiers qui tourbillonnaient autour de lui. Il se rappelait ses parents, sa sœur, la fuite de son pays et son arrivée ici. Où étaient-ils désormais ? La gare se présenta à lui telle une porte ouverte sur des horizons lointains. Il en franchit le seuil pour y trouver un coin où dormir et s’y réchauffer ; il avançait tout en observant l’immensité du hall lorsqu’il trébucha sur une pile de papiers déchiquetés. Une plainte aigüe retentit aussitôt dans le bâtiment mais elle ne vint pas du garçon. Celui-ci, surpris, regarda ce sur quoi il avait buté ; le son provenait de ces feuilles reliées. L’enfant les ramassa et se rendit compte qu’il s’agissait d’un gros livre abîmé. Il alla s’asseoir sur un banc et se mit à en feuilleter les pages. Il reconnut un dictionnaire. Cependant, celui-ci était étrange car les mots bougeaient, certains chantonnaient et d’autres discutaient avec leur voisin. Le garçon sourit à la vue de cette vie insouciante avant de soupirer en la comparant à sa triste solitude. Le mot Espoir l’entendit, il arrêta sa discussion avec Chagrin, dont il tentait de remonter le moral, et lui parla dans un langage universel : celui des émotions. « Pourquoi y a-t-il tant de tristesse dans tes yeux ? Tu es si jeune. Aie confiance en l’avenir ! Vois le lendemain comme un nouveau départ, tu n’as rien à perdre à espérer… ». Les paroles s’éloignèrent alors que les pages se tournaient, poussées par une force énigmatique, jusqu’au mot Réalité qui s’agrandit de façon démesurée et prit toute la largeur de la page. A travers les lettres qui s’illuminaient, le garçon vit les images de sa vie : une suite d’évènements tragiques. Il baissa alors la tête sous le poids de cette réalité. Le vent imaginaire réapparut et passa les quelques pages suivantes pour s’arrêter sur le mot Rêve. Comme Espoir, il prit la parole : « Viens dans le pays des mots, lui proposa-t-il. − Mais ça n’existe pas ! répondit le garçon dont l’optimisme était au plus bas. − Est-ce si important ? Dans ce pays, tu peux vivre comme bon te semble.
Louisia K.
− Mais où est-il ? espéra soudain le garçon à qui Espoir venait de donner un nouvel élan d’aspiration. − Partout ! Suis-moi » et le garçon sentit, à cet impératif, son imagination s’activer. Il pensa à sa mère assise sous le porche de la maison, à son père qui ne venait pas lui apprendre que la guerre allait les forcer à partir. Au contraire, il approchait avec des cadeaux sous le bras et les offrait à sa petite sœur et à lui. Le ciel était clair et le soleil brillait comme il ne l’avait jamais vu auparavant. Puis, le garçon se mit à penser à l’avenir : cette maison pouvait être n’importe où, l’essentiel étant qu’ils soient ensemble. La confiance grandit en lui et une certitude s’imposa : il allait retrouver sa famille. Les yeux du garçon étincelèrent à cette idée avant de se fermer progressivement sous le coup de la fatigue. Les pages se feuilletèrent au rythme de ses rêves.
Louisia K.

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