Openspace
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L’espace est grand, il est ouvert, c’est un openspace. Des formes humaines jaunâtres et cireuses s’y déplacent. Elles s’installent comme d’habitude à leurs postes de travail et ceci depuis une éternité. Elles croient qu’elles vivent encore mais elles sont devenues fantomatiques depuis longtemps. Des chaînes ? Il y en a mais pas aux pieds ; elles sont dans leurs esprits et relient une idée à une autre par un chemin complexe de maillons. Un fantôme est arrivé en retard ce matin. Il semble perdu dans cet espace qu’il ne reconnaît plus. Une petite forme médisante, courbée et portant des lunettes d’un siècle révolu, s’approche du retardataire et le toise de bas en haut. S’il avait pu parler, il lui aurait certainement dit des paroles maladroites et blessantes mais il se contente de son examen puis s’en retourne au bureau qu’il occupe avec une pauvre plante. Le mauvais travailleur se dirige vers le seul bureau inoccupé et qui semble être le sien. Le téléphone sonne mais aucune voix ne se fait entendre dans le combiné. Une chaîne vibre dans l’esprit du répondant et sait aussitôt ce qu’il doit faire : taper sur son clavier, chercher sur son écran et taper à nouveau. Mais une des chaînes de son esprit s’est brisée ce matin et le chemin entre l’idée de taper et de chercher n’arrive pas à se mettre en place. Il fait donc uniquement la première partie du cheminement puis s’arrête. Une énorme horloge, digne des grandes églises du Moyen-âge, se met soudain à sonner dans l’openspace : c’est l’heure du repas. Alors que le fantôme regarde stupéfait les aiguilles de l’horloge, les autres formes se lèvent dans un même mouvement et se dirigent vers une des portes de sortie. Instinctivement, le fantôme leur souhaite un « bon appétit ». C’est le déclic. Tout s’arrête pour lui car il vient de parler. Une brume épaisse remplit l’espace des bureaux et l’entoure. Tout d’abord, il sent des picotements puis ce sont de véritables coups de lames. Les chaînes de son esprit se brisent une par une ; il crie. C’est le premier employé éveillé. Il y en aura d’autres.
Louisia K.
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L’espace est grand, il est ouvert, c’est un openspace. Des formes humaines jaunâtres et cireuses s’y déplacent. Elles s’installent comme d’habitude à leurs postes de travail et ceci depuis une éternité. Elles croient qu’elles vivent encore mais elles sont devenues fantomatiques depuis longtemps. Des chaînes ? Il y en a mais pas aux pieds ; elles sont dans leurs esprits et relient une idée à une autre par un chemin complexe de maillons. Un fantôme est arrivé en retard ce matin. Il semble perdu dans cet espace qu’il ne reconnaît plus. Une petite forme médisante, courbée et portant des lunettes d’un siècle révolu, s’approche du retardataire et le toise de bas en haut. S’il avait pu parler, il lui aurait certainement dit des paroles maladroites et blessantes mais il se contente de son examen puis s’en retourne au bureau qu’il occupe avec une pauvre plante. Le mauvais travailleur se dirige vers le seul bureau inoccupé et qui semble être le sien. Le téléphone sonne mais aucune voix ne se fait entendre dans le combiné. Une chaîne vibre dans l’esprit du répondant et sait aussitôt ce qu’il doit faire : taper sur son clavier, chercher sur son écran et taper à nouveau. Mais une des chaînes de son esprit s’est brisée ce matin et le chemin entre l’idée de taper et de chercher n’arrive pas à se mettre en place. Il fait donc uniquement la première partie du cheminement puis s’arrête. Une énorme horloge, digne des grandes églises du Moyen-âge, se met soudain à sonner dans l’openspace : c’est l’heure du repas. Alors que le fantôme regarde stupéfait les aiguilles de l’horloge, les autres formes se lèvent dans un même mouvement et se dirigent vers une des portes de sortie. Instinctivement, le fantôme leur souhaite un « bon appétit ». C’est le déclic. Tout s’arrête pour lui car il vient de parler. Une brume épaisse remplit l’espace des bureaux et l’entoure. Tout d’abord, il sent des picotements puis ce sont de véritables coups de lames. Les chaînes de son esprit se brisent une par une ; il crie. C’est le premier employé éveillé. Il y en aura d’autres.
Louisia K.